loppée et très forte, il s’assit devant la table et se mit à écrire une lettre d’adieu à son père. Dix minutes après, ayant terminé sa lettre, il se leva de la table avec des yeux mouillés de larmes, et en répétant mentalement toutes les prières qu’il savait, il commença à s’habiller. Le brosseur, un peu ivre et grossier, lui passait paresseusement un veston neuf. (Le vieux, que le capitaine en second mettait d’ordinaire quand il allait au bastion, n’était pas réparé.)
— Pourquoi mon veston n’est-il pas réparé ? Tu ne sais que dormir ! — fit méchamment Mikhaïlov.
— Quoi, dormir ! — murmura Nikita, — toute la journée on court comme un chien, on s’esquinte, et encore, ici, on ne peut pas même dormir.
— Je vois que tu es encore ivre.
— Pourquoi me faire des reproches ? Ce n’est pas de votre argent que je m’enivre.
— Tais-toi, imbécile ! — cria, prêt à le frapper, le capitaine en second, déjà agacé à l’avance, et maintenant, perdant tout à fait patience, et attristé de la grossièreté de Nikita qu’il aimait, gâtait même, et qu’il avait à son service depuis déjà douze ans.
— Imbécile ? Imbécile ? — répéta le valet. — Pourquoi m’appelez-vous imbécile ? Quel temps ! Et maintenant c’est mal d’injurier.
Mikhaïlov se rappela où il devait aller et eut honte.