Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/177

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café, on peut y entrer, il est très simple, — ajoutat-il en désignant un petit débit encore ouvert.

Ce mot « très simple » spontanément suscita en moi l’idée de ne pas aller dans un café simple, mais à Schweizerhof où étaient ceux qui l’écoutaient.

Avec une émotion timide, il refusa à plusieurs reprises d’aller à Schweizerhof, alléguant que là-bas c’était trop riche, mais j’insistai pour mon idée et alors lui, feignant de n’être pas troublé, agita gaiement sa guitare et me suivit sur le quai. Quelques noceurs oisifs dès que j’avais abordé le chanteur, s’étaient approchés, avaient écouté ce que je lui disais, et maintenant, en discutant entre eux, ils nous suivirent jusqu’au perron, attendant sans doute du Tyrolien une représentation quelconque.

Je demandai au maître d’hôtel que je rencontrai dans le vestibule, une bouteille de vin. Le maître d’hôtel nous regarda en souriant et sans rien répondre s’éloigna. Le maître d’hôtel en chef à qui j’adressai la même demande, m’écouta sérieusement et, en examinant de la tête aux pieds l’humble personne du chanteur, d’un ton sévère, il ordonna au portier de nous conduire dans la salle à gauche. Cette salle était un débit pour le vulgaire. Dans un coin de cette salle une servante boiteuse lavait la vaisselle et pour tout meuble il n’y avait que des tables de bois nues et des bancs. Le maître d’hôtel qui nous servait nous regardait avec un sourire retenu, moqueur et les mains dans