Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/296

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— Qu’est-ce que tu murmures aujourd’hui ? — demandai-je.

Il s’arrêta, réfléchit et en souriant me récita deux vers de Lermontov :

«… Et lui, le fou, demande la tempête,
Comme si dans la tempête il y a le calme ! »

— « Non, il est plus qu’un homme, il sait tout, comment ne pas l’aimer ! » pensai-je.

Je me levai, lui pris la main et nous marchâmes ensemble en tâchant de nous mettre au pas.

— Oui ? — demanda-t-il en souriant et me regardant.

— Oui, — chuchotai-je, — et la gaîté nous gagna tous deux ; nos yeux riaient, nous faisions des pas de plus en plus grands, nous montions de plus en plus sur la pointe des pieds, et, du même pas, à la grande indignation de Grigori et à l’étonnement de ma belle-mère qui faisait uue patience dans le salon, nous partîmes à travers toutes les chambres dans la salle à manger ; là nous nous regardâmes, et nous arrêtant, nous éclatâmes de rire.

Deux semaines plus tard, avant les fêtes, nous étions à Pétersbourg.