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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/111

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ses cris lui lavait ses rares petits cheveux. L’enfant criait, faisait des grimaces, tâchait d’attraper quelque chose avec ses petites mains faibles. D’une main Akoulina soulevait ses petits reins grassouillets, pleins de fossettes, et de l’autre le lavait.

— Va, regarde s’il ne s’est pas endormi quelque part, dit-elle en regardant autour d’elle avec inquiétude.

À ce moment, la femme du menuisier pas encore peignée, le corsage ouvert, en retroussant ses jupes, montait au grenier pour y prendre sa robe qui séchait. Tout à coup, un cri d’horreur éclatait au grenier, et la femme du menuisier, comme une folle, les yeux fermés, à reculons, plutôt roulant, que courant, tombait de l’escalier.

— Ilitch ! s’écria-t-elle.

Akoulina lâcha l’enfant.

— Il s’est pendu ! cria la femme du menuisier.

Akoulina, sans remarquer que le bébé roulait comme un peloton et tombait dans l’eau la tête en bas, courut dans le vestibule.

— Pendu à la poutre ! — prononça la femme du menuisier en apercevant Akoulina.

Akoulina s’élança sur l’échelle et avant qu’on n’eût pu la retenir, avec un cri horrible, comme un cadavre, elle roulait dans l’escalier et se serait tuée si des gens accourus de tous côtés, n’avaient réussi à la rattraper.