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IX

LA CINQUIÈME NUIT

Le temps commençait à changer. Il était sombre. Le matin il n’y avait pas de rosée, mais il faisait lourd et les moucherons s’accrochaient. Aussitôt que le troupeau fut arrivé, les chevaux se réunirent autour du cheval pie qui termina ainsi son histoire :

— Cette vie heureuse cessa bientôt. Je vécus ainsi seulement deux années. À la fin du deuxième hiver, il m’arriva l’événement le plus heureux pour moi et, après cela, mon plus grand malheur.

C’était pendant le carême, j’avais amené le prince aux courses. Atlasnï et Bitchok couraient. Je ne sais pas ce qu’ils faisaient là-bas dans le pavillon, mais je sais qu’il sortit et ordonna à Théophane de me mettre sur la piste. Je me rappelle qu’on me mit sur la piste, on me plaça et on plaça Atlasnï. Atlasnï était attelé au petit traîneau de course et moi au traîneau de ville. Au premier tour je le