sirent à tirer trois coups avant que les hussards eussent pu retourner vers leurs chevaux. Deux des salves n’étaient pas justes et toute la mitraille passa au delà, mais la dernière tomba au milieu du groupe des hussards et en abattit trois.
Rostov soucieux de ses relations avec Bogdanitch, s’arrêta sur le pont ne sachant que faire. Il n’y avait personne à pourfendre (comme il s’était toujours imaginé le combat) ; aider à enflammer le pont, il ne le pouvait pas non plus, puisqu’il n’avait pas pris de paille, comme les autres soldats. Il était debout et regardait, quand soudain, quelque chose craqua sur le pont comme un bruit de noix, et l’un des hussards, le plus proche de lui, tombait sur le parapet en gémissant. Rostov avec les autres courut près de lui. De nouveau quelqu’un cria : brancard ! Quatre hommes saisirent le hussard et le soulevèrent.
— Oh ! oh ! oh ! Laissez-moi. Au nom du Christ, laissez-moi ! — criait le blessé.
Mais on le souleva quand même et on l’étendit sur le brancard. Nicolas Rostov se détourna et, comme s’il cherchait quelque chose, se mit à regarder au loin, sur le Danube, le ciel et le soleil. Le ciel lui semblait beau, il était si bleu, si calme, si profond ! Comme le soleil couchant était clair et majestueux ! Comme l’eau du Danube lointain brillait doucement ! Et encore plus belles étaient les longues montagnes bleuâtres derrière