Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/396

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de la batterie, le village Schœngraben se montrait à l’horizon, sur les collines. Plus à gauche et à droite, on pouvait distinguer, en trois endroits, parmi la fumée de leurs bûchers, des masses de troupes françaises dont la plupart se trouvaient évidemment dans le village même et derrière la montagne. Plus à gauche du village, se montrait dans la fumée quelque chose de semblable à une batterie, mais à l’œil nu on ne pouvait bien distinguer. Notre flanc droit était échelonné sur une hauteur assez raide qui dominait la position des Français. Notre infanterie était disposée sur cette hauteur et l’extrémité même était occupée par les dragons. Au centre, à la batterie de Touchine d’où le prince André examinait les positions, la descente était plus douce et menait droit au ruisseau qui nous séparait de Schœngraben. À gauche, nos troupes se trouvaient proches de la forêt où l’on remarquait les bûchers de notre infanterie qui coupait du bois. La ligne française était plus large que la nôtre et il était clair que les Français pouvaient facilement nous entourer des deux côtés. Derrière notre position, un précipice abrupt et profond rendait difficile le recul de l’artillerie et de la cavalerie. Le prince André, appuyé sur le canon, avait tiré son portefeuille et traçait pour lui-même le plan de la disposition des troupes. À deux endroits, il fit une note au crayon dans l’intention de la communiquer à Bagration. Il