Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/83

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pour se faire faire son uniforme, devait la rejoindre en route à Radzivilow.

Chez les Rostov c’était le jour de fête de deux Nathalie : la mère et la fille cadette. Depuis le matin, sans cesse arrivaient et défilaient les berlines amenant des visiteurs dans le grand hôtel de la comtesse Rostov, connu de tout Moscou et sis rue Povarskaia. La comtesse, avec sa jolie fille aînée et les visiteurs qui ne cessaient de se succéder, se tenait au salon.

La comtesse était une femme de quarante-cinq ans, de type oriental, maigre de visage, et visiblement fatiguée par trop de grossesses ; elle avait eu douze enfants. Ses mouvements lents et sa conversation languissante, dont la cause était le manque de forces, lui donnaient un air très imposant qui inspirait le respect. La princesse Anna Mikhaïlovna Droubetzkaïa, comme quelqu’un de la maison, se trouvait aussi là, elle aidait à recevoir et entretenait la conversation parmi les visiteurs.

La jeunesse était dans une chambre voisine, ne trouvant pas nécessaire de participer à la réception. Le comte allait au-devant des visiteurs et en les reconduisant, les invitait tous à dîner.

— Je vous suis très reconnaissant, ma chère ou mon cher (il disait ma chère ou mon cher sans distinction, sans aucune nuance, que les personnes fussent au-dessus ou au-dessous de lui), je vous suis très reconnaissant pour moi-même et pour celles