Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/172

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rement et avec des intervalles inégaux : Ta-ta-ta-ta-ta ; ensuite plus régulièrement et plus fréquemment, et le combat commença sur la Goldbach.

Ne comptant pas rencontrer l’ennemi en bas, au-dessus de la rivière, et se heurtant contre lui par hasard, dans le brouillard, les Russes, sans un mot d’encouragement de leurs chefs, avec la conscience, répandue dans les troupes, qu’il était tard, et principalement ne voyant rien ni devant ni autour, à cause du brouillard, lentement, sans énergie, échangeaient des coups avec l’ennemi, s’avancaient et s’arrêtaient de nouveau, ne recevant pas à temps les ordres des chefs et des aides de camp qui erraient dans le brouillard, en pays inconnu, sans trouver les troupes auxquelles ils avaient affaire. Ainsi commença l’attaque pour les 1re, 2e et 3e colonnes qui arrivaient au bas de la colline. La 4e colonne où se trouvait Koutouzov lui-même se tenait sur les hauteurs de Pratzen.

En bas, où l’action commençait, il y avait toujours un brouillard épais. En haut il faisait plus clair mais on ne voyait toujours rien de ce qui se passait devant. Toutes les forces ennemies étaient-elles à dix verstes de nous comme on l’avait supposé ? ou étaient-elles dans cette ligne de brouillard ? Jusqu’à neuf heures personne ne le savait.

Il était neuf heures du matin. Le brouillard s’étendait en bas comme une mer compacte, mais au