Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/212

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— Imbécile ! dit le vieillard en crachant avec colère.

Le silence durait quelques instants, puis la même plaisanterie recommençait.




À cinq heures du soir, la bataille était perdue sur tous les points. Plus de cent canons étaient déjà aux mains des Français.

Prjebichevski et son corps d’armée avaient rendu les armes ; les autres colonnes, diminuées de moitié, reculaient en troupes débandées, mélangées.

Le reste des troupes de Langeron et de Dokhtourov, se pressait pêle-mêle autour des étangs, sur les écluses et au bord du village d’Auhest.

À six heures, ce n’était que près de l’écluse d’Auhest qu’on entendait la canonnade nourrie des Français seuls, qui montaient de nombreuses batteries sur la pente des hauteurs de Pratzen, et qui foudroyaient nos troupes en déroute.

À l’arrière-garde Dokhtourov et les autres, en recueillant les bataillons, se défendaient contre la cavalerie française qui les poursuivait. Le crépuscule descendait. Près d’une étroite écluse d’Auhest où, pendant tant d’années, s’était assis paisiblement le vieux meunier, en bonnet, avec ses lignes, pendant que son petit-fils, les manches de la chemise retroussées, plongeait les mains