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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/215

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soldats de devant la glace craqua, une de ses jambes s’enfonça dans l’eau. Il voulut se redresser et s’enfonça jusqu’à la ceinture. Les soldats les plus proches s’arrêtèrent ; le conducteur de la pièce arrêta son cheval ; mais derrière on criait encore : — « Va sur la glace. — Pourquoi s’arrêtent-ils ? Va ! Va ! » Et des cris d’horreur s’entendaient dans la foule. Les soldats qui entouraient la pièce agitaient leurs cravaches et frappaient les chevaux pour les faire avancer. Les chevaux retournèrent. La glace qui soutenait les piétons craqua sur un large espace, et une quarantaine d’hommes, se jetant en avant et en arrière, furent noyés.

Les boulets sifflaient régulièrement et tombaient sur la glace, dans l’eau, et le plus souvent dans la foule qui couvrait la digue, les étangs et leurs bords.