Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/252

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chiens qui s’enfuyaient et qu’ils avaient dû, à l’aide des baïonnettes, se frayer un chemin parmi les fuyards.

Valouiev racontait confidentiellement qu’Ouvarov était envoyé de Pétersbourg pour connaître l’opinion des Moscovites sur les Autrichiens.

Dans un autre cercle Narischkine racontait la séance du Conseil supérieur de guerre autrichien où Souvorov avait crié comme un coq en réponse à la bêtise des généraux Autrichiens. Chinchine, qui se trouvait là, dit, voulant plaisanter, qu’évidemment Koutouzov n’avait pu même apprendre de Souvorov l’art facile de chanter comme un coq. Les vieux regardèrent sévèrement le plaisant, lui laissant ainsi à entendre qu’aujourd’hui il était inconvenant de mentionner Koutouzov.

Le comte Ilia Andréiévitch Rostov, l’air soucieux, en bottes souples, marchait hâtivement de la salle à manger au salon en saluant vite et uniformément toutes les personnes importantes ou non qu’il connaissait toutes, et de temps en temps il cherchait des yeux son élégant et brave fils. Il arrêtait sur lui son regard et lui faisait signe des yeux. Le jeune Rostov était debout près de la fenêtre avec Dolokhov ; il avait fait récemment sa connaissance et y tenait beaucoup. Le vieux comte s’approcha d’eux et serra la main de Dolokhov.

— Je t’en prie viens chez nous. Maintenant, tu connais mon fils. Là-bas, vous avez ensemble