Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/378

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nèrent de s’étendre en disant qu’il se prosternait devant les portes du temple.

— Avant, il doit recevoir la pelle, chuchota l’un des frères.

— Ah ! laissez, s’il vous plaît, — dit un autre.

Pierre, avec des yeux hagards, myopes, regardait tout autour de lui, sans obéir ; soudain, il fut pris du doute. « Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? Ne se moque-t-on pas de moi ? N’aurai-je pas honte à me rappeler cela ? »

Mais cela ne dura qu’un moment. Pierre regardait les physionomies sérieuses des hommes qui l’entouraient.

Il se rappela tout ce qu’il avait passé déjà et comprit qu’on ne pouvait s’arrêter au milieu du chemin. Effrayé de son doute, en tâchant de rappeler en soi l’ancien sentiment d’attendrissement, il se prosterna à l’entrée du temple. Et en effet, le sentiment d’attendrissement l’empoignait encore plus fort qu’auparavant.

Il resta allongé quelque temps, puis, on lui ordonna de se relever, on lui attacha le même tablier de cuir blanc que portaient les autres, on lui mit en main la pelle et trois paires de gants, et alors le grand-maître s’adressa à lui.

Il lui dit de faire tous ses efforts pour ne pas souiller la blancheur de ce tablier, emblème de la fermeté et de la chasteté ; quant à la pelle, il lui dit de travailler par elle à purifier son cœur des vices