Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/409

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en ! » et il écrit le fameux ordre du jour au général Benigsen :

« Je suis blessé, et ne puis monter à cheval. Vous avez amené votre corps d’armée se faire écraser à Poultoüsk, ici il est à découvert et sans bois ni fourrage. Alors il faut y remédier, et comme vous-même l’avez rapporté hier au comte Boukshevden, il faut songer à la retraite sur notre frontière, ce qu’il faut exécuter aujourd’hui même. »

« Après toutes mes marches, écrit-il à l’empereur, j’ai été écorché par ma selle, et cette écorchure m’empêche absolument de monter à cheval et de commander une grande armée. C’est pourquoi j’ai remis le commandement au général le plus ancien après moi, au comte Boukshevden, en lui envoyant tous les services et ce qui s’y rattache, et lui conseillant, en cas de manque de vivres, de se retirer le plus possible à l’intérieur de la Prusse, car il ne reste de pain que pour un jour et dans certains régiments il n’y a rien, ainsi que les commandants de divisions Ostermann et Sedmorezky l’ont déclaré, et chez les paysans tout est mangé. Moi-même, en attendant la guérison, je resterai à l’hôpital d’Ostrolenko. J’ai l’honneur de vous transmettre le rapport en ajoutant que si l’armée demeure dans ce bivouac encore vingt-cinq jours il ne restera plus un soldat valide.

» Permettez à un vieillard de se retirer à la