Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/420

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lieu de la nouvelle vie qu’espérait mener Pierre, il continuait la même, seulement dans un autre endroit.

Des trois buts de la maçonnerie, Pierre reconnaissait qu’il n’avait pas rempli celui qui prescrivait à chaque maçon d’être le modèle de la vie morale, et, parmi les sept vertus, deux lui manquaient complètement : les bonnes mœurs et l’amour de la mort. Il s’en consolait parce qu’il remplissait l’autre — l’amélioration du genre humain — et qu’il avait d’autres vertus : l’amour du prochain et surtout la générosité.

Au printemps de 1807, Pierre décida de retourner à Pétersbourg. En route, il avait l’intention de parcourir tous ses domaines et de se rendre compte personnellement de ce qu’on avait fait de ce qu’il avait ordonné et de la situation en laquelle se trouvaient maintenant ces gens confiés à lui par Dieu et qu’il voulait rendre heureux.

L’intendant en chef qui considérait toutes les réformes du jeune comte comme une folie désavantageuse pour lui, pour soi et pour les paysans, avait fait des concessions. En continuant à présenter l’émancipation comme une chose impossible, il donnait l’ordre de faire construire dans chaque domaine de grands bâtiments pour les écoles, les hôpitaux, les hospices, en vue de l’arrivée du maître. Il préparait partout des rencontres où la solennité et la pompe étaient exclues,