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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/421

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car il savait que Pierre n’aimait pas cela, mais une réception reconnaissante avec les icônes, le pain et le sel, ce qui, — il comprenait bien son maître, — devait agir sur le comte et le tromper.

Le printemps du sud, le voyage calme, rapide, en calèche viennoise, et la solitude de la route agissaient joyeusement sur Pierre. Les propriétés qu’il ne connaissait pas encore étaient toutes plus pittoresques les unes que les autres. Partout le peuple se présentait à lui heureux et plein de reconnaissance pour les bienfaits reçus. Partout on venait à sa rencontre, et bien que cela rendit Pierre confus, au fond de son âme, il se sentait joyeux. Dans un endroit, les paysans lui apportèrent le pain et le sel, l’icône de Pierre et Paul, et demandèrent la permission, en l’honneur de saint Pierre et Paul, en signe d’amour et en reconnaissance de ses bienfaits, d’élever à leurs frais un nouvel autel dans l’église. Ailleurs des femmes tenant des nourrissons vinrent à sa rencontre et le remercièrent d’avoir délivré les femmes des travaux pénibles. Dans le troisième domaine, il fut salué par le prêtre tenant la croix, entouré des enfants à qui, grâce aux faveurs du comte, il enseignait la lecture, l’écriture, la religion. Dans tous les domaines, Pierre voyait de ses propres yeux des bâtiments élevés ou en construction, tous sur le même plan : hôpitaux, écoles, hospices, qui devaient être inaugurés bientôt.