Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/13

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Un de ses domaines, de trois cents âmes, était classé parmi les laboureurs libres (c’était un des premiers exemples de ce fait en Russie) ; dans les autres, la corvée était remplacée par la redevance. À Bogoutcharovo il avait installé à ses frais une sage-femme et un prêtre salarié pour apprendre à lire et écrire aux enfants des paysans et des domestiques.

Le prince André passait la moitié du temps à Lissia-Gorï, avec son père et son fils qui était encore entre les mains des bonnes, et l’autre partie dans son ermitage de Bogoutcharovo, comme son père appelait ce village. Malgré l’indifférence qu’il avait exprimée à Pierre pour tous les événements extérieurs, il les suivait attentivement, recevait beaucoup de livres, et remarquait avec étonnement que les gens qui venaient chez lui ou chez son père en ligne droite de Saint-Pétersbourg, c’est-à-dire du centre même de l’action, étaient infiniment moins bien renseignés que lui, — bien qu’il vécût toujours à la campagne — sur tout ce qui se passait dans la politique extérieure et intérieure.

Outre le soin de ses domaines et la lecture des livres les plus divers, le prince André s’occupait en ce temps à l’analyse critique de nos deux dernières campagnes malheureuses, et il rédigeait un projet de modification de nos codes et règlements militaires.