jeune fille qui voulait s’envoler au ciel ; il faut que tous me connaissent, que ma vie ne marche pas pour moi seul, qu’ils ne vivent pas si indépendamment de ma vie, qu’elle se reflète en tout le monde et qu’eux tous et moi vivions ensemble ! »
Rentré de son voyage, le prince André se décida
à partir en automne pour Saint-Pétersbourg et se
forgea diverses raisons pour cela. Une foule de
prétextes raisonnables, logiques, lui montrant la
nécessité d’aller à Pétersbourg et même l’obligation
de servir, étaient toujours à sa disposition. Il
ne comprenait même pas, maintenant, comment il
avait pu douter de la nécessité de prendre une part
active à la vie, de même qu’il ne comprenait pas,
un mois auparavant, qu’il pût avoir l’idée de quitter
la campagne.
Il lui paraissait clairement que toute son expérience de la vie devait se perdre en vain, être chose inutile, s’il ne l’appliquait à une œuvre certaine, et ne prenait pas de nouveau une part active à la vie. Il ne comprenait même pas comment, auparavant, en se basant sur les mêmes prétextes peu raisonnables, il s’était humilié si réellement, puisque maintenant, après ces leçons de la vie, il croyait de nouveau à la possibilité d’être utile, d’être heureux et d’aimer.
Maintenant la raison lui soufflait tout autre chose.