Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/340

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pathie pour elle, à ce moment la princesse Marie était encore émue parce que, en apprenant la visite des Rostov, le vieux prince avait dit qu’il n’avait pas besoin d’eux, que la princesse pouvait les recevoir si elle voulait mais qu’il défendait qu’on les laissât entrer chez lui. La princesse Marie s’était décidée à recevoir les Rostov, mais à chaque instant elle craignait que le prince ne fit une sortie quelconque, vu qu’il semblait très ému de l’arrivée des Rostov.

— Eh bien, ma chère princesse, voilà, je vous ai amené une chanteuse, dit le comte en saluant et regardant autour de lui comme s’il avait peur que le vieux prince n’entrât. Comme je suis heureux que nous fassions connaissance… C’est dommage que le prince soit toujours fatigué. Et après avoir dit quelques phrases banales il se leva.

— Si vous permettez, princesse, je vous laisserai Natacha pour un quart d’heure. J’irai à deux pas d’ici, à la Place des Chiens, chez Anna Séméonovna et après je passerai la prendre.

Ilia Andréiévitch avait inventé cette ruse diplomatique pour donner à la future belle-sœur de sa fille le loisir de s’expliquer avec elle (comme il le dit après à sa fille) et encore pour éviter la possibilité d’une rencontre avec le prince dont il avait si grand’peur. Il ne le dit pas à sa fille, mais Natacha comprit cette peur et l’inquiétude de son père et elle en fut offensée. Elle rougit pour son