la reconnaissance. Maintenant il croyait de son devoir absolu d’envoyer très souvent son fils chez nous. S’il se figurait que notre connaissance pouvait donner à son fils quelque honneur ou du plaisir, il se trompait absolument, parce que non seulement nous n’étions pas amis avec Ilinka, mais nous ne nous occupions de lui que pour le railler.
Ilinka Grapp était un garçon de treize ans, maigre, grand, pâle, avec une figure d’oiseau et une expression débonnaire et craintive. Il était vêtu très pauvrement, mais toujours si fortement pommadé, que nous avions affirmé qu’au soleil, la pommade fondait sur la tête de Grapp et coulait sur son veston.
Quand je me le rappelle maintenant, je trouve que c’était un garçon très serviable, doux et bon, mais alors il me semblait un être si méprisable qu’il ne fallait ni le plaindre ni même penser à lui.
Quand nous eûmes fini de jouer aux brigands nous partîmes en haut et là nous commençâmes à faire du vacarme, et à nous livrer à des exercices de gymnastique, en nous surpassant l’un l’autre.
Ilinka, avec un sourire timide, étonné, nous regardait, et quand nous lui proposâmes d’essayer la même chose, il refusa, disant qu’il n’en était pas du tout capable. Serioja était superbe, charmant ; il avait enlevé son veston ; son visage et ses yeux étaient joyeux, il riait sans cesse et inventait de