montraient à l’horizon, se rapprochaient de plus en plus ; un petit vent commençait à les rassembler, si bien que parfois ils cachaient le soleil. Mais malgré la marche et l’épaississement des nuages, on voyait bien qu’ils n’amèneraient pas de tempête et ne nous priveraient pas de cette dernière partie de plaisir. Vers le soir ils commencèrent à se dissiper : les uns pâlissaient, s’allongeaient et couraient vers l’horizon ; les autres, au-dessus de notre tête même, se transformaient en une écaille blanche, transparente ; seul un gros nuage noir s’arrêta à l’est. Karl Ivanovitch savait toujours quel nuage s’en irait et où ; il déclara que ce nuage irait vers Maslovka, qu’il ne pleuvrait pas et que le temps serait admirable.
Foka, malgré son âge respectable, monta l’escalier avec élégance et très rapidement, et cria : « La voiture ! » et les jambes écartées, il se campa solidement au milieu du perron, entre l’endroit où le cocher devait amener le break et le seuil, dans l’attitude d’un homme à qui point n’est besoin de rappeler ses devoirs. Les dames descendirent, et après une courte discussion pour savoir comment se placer et à qui se tenir (bien qu’il me semblait qu’il n’était pas nécessaire de se tenir), elles s’assirent, ouvrirent leurs ombrelles et partirent.
Au moment où le break s’ébranlait, maman, en montrant le « cheval de chasse, » demanda au cocher d’une voix tremblante :