Page:Tolstoï - De la vie.djvu/15

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« Qu’est-ce qui a claqué ? Est-ce ton crâne chauve ou la paume de ma main ? » Et la discussion sur la foi fut remplacée par une nouvelle question impossible à résoudre.

À côté du vrai savoir des hommes, depuis les temps les plus reculés, il se passe quelque chose de semblable par rapport à la science de la vie.

Les discussions sur l’origine de la vie remontent à une époque très reculée. D’où provient-elle ? D’un principe immatériel ou de différentes combinaisons de la matière ? Ces discussions durent encore, et on ne peut en prévoir la fin, précisément parce qu’on a laissé de côté le but de la discussion et qu’on discute sur la vie, envisagée indépendamment de son but ; sous le nom de vie, on ne comprend plus la vie elle-même, mais son origine et les phénomènes qui l’accompagnent.

De nos jours, non seulement dans les ouvrages scientifiques, mais dans la conversation, quand on parle de la vie, il ne s’agit plus de celle que nous connaissons tous, de la vie dont j’ai conscience par les souffrances que je redoute et que je hais, par les jouissances et les joies que je désire, mais de quelque chose provenant ou bien d’un jeu du hasard, suivant certaines lois physiques, ou bien d’une cause mystérieuse.

Aujourd’hui, ce mot « vie » s’applique à quelque chose de discutable, qui n’a pas en soi les ca-