Page:Tolstoï - De la vie.djvu/17

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dans les cristaux, dans le protoplasme, dans le noyau du protoplasme, dans les cellules de mon corps et des autres corps, sont comprises sous la dénomination de vie, tandis que cette dénomination est indissolublement unie en moi au sentiment de l’aspiration à mon bien.

Raisonner sur certaines conditions de la vie, prises pour la vie elle-même, c’est la même chose que parler de la rivière comme si c’était le moulin. Ces raisonnements ont peut-être leur importance, mais, en tout cas, ils s’éloignent de l’objet de la discussion et par conséquent toutes les conclusions sur la vie tirées de tels raisonnements seront forcément fausses.

Le mot « vie » est court et très clair, et chacun sait ce qu’il signifie. Mais c’est justement parce que chacun en connaît la signification que nous devons toujours l’employer dans le sens admis par tous. Le sens de ce mot est clair pour tout le monde, non point parce qu’il est défini avec précision par d’autres mots ou d’autres idées, mais au contraire parce qu’il exprime une idée absolue, d’où découlent beaucoup d’autres idées, pour ne pas dire toutes. Par conséquent, pour tirer des déductions de cette idée, nous devons l’accepter dans sa signification centrale et indiscutable. Et c’est ce qu’on a perdu de vue, à ce qu’il me semble, dans les différentes discus-