Page:Tolstoï - De la vie.djvu/88

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et cependant, tout en faisant cela, il lui faudrait encore se mouvoir, se nourrir, rechercher la femelle ou le mâle.

Cet animal souffrirait et considérerait cet état comme une cruelle contradiction et un dédoublement. C’est ce qui arrive à l’homme habitué à considérer la loi inférieure de sa vie, son individualité animale, comme la loi même de sa vie. La loi supérieure de la vie, la loi de sa conscience réfléchie, exige autre chose de lui ; mais toute la vie qui l’entoure, aussi bien que les fausses doctrines, l’entretiennent dans cette illusion, et il éprouve la contradiction et le dédoublement.

Mais, de même que l’animal, pour cesser de souffrir, il doit reconnaître pour sa loi, non point la loi inférieure de l’individualité, mais la loi supérieure qu’il découvre dans sa conscience réfléchie et qui renferme elle-même cette première loi ; alors il verra disparaître la contradiction ; son individualité se soumettra librement à la conscience réfléchie et servira à ses fins.