Page:Tolstoï - De la vie.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quand l’homme existe sans savoir que d’autres individualités existent également, sans savoir que les jouissances ne peuvent le satisfaire, qu’il mourra, il ne sait même pas qu’il vit, et alors il n’y a pas de contradiction en lui.

Mais quand il a remarqué que les autres individualités sont de même nature que lui, que les souffrances le menacent, que son existence est une mort lente, lorsque la conscience réfléchie a produit la décomposition de l’existence de son individualité, alors il ne peut plus placer sa vie dans cette individualité en décomposition, il doit forcément la mettre dans cette nouvelle vie qui s’ouvre devant lui, et alors même il n’y a pas de contradiction, pas plus qu’il n’y en a dans le grain qui a déjà produit un germe, et qui pour cette raison s’est décomposé.