Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/26

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V


Les paysans réunis devant le comptoir continuaient à discuter.

L’affaire était grave.

Lorsque Iégor Ivanovitch fut chez Madame, ils se couvrirent la tête et les voix s’élevèrent. Ces voix semblaient gronder. De loin elles arrivaient comme le tonnerre jusqu’aux oreilles de madame et la rendaient nerveuse.

Elle s’attendait toujours à ce que ces voix devinssent de plus en plus menaçantes et qu’il arrivât un malheur quelconque.

— Est-ce que tout ne pourrait se passer doucement, convenablement, sans bruit ni querelle, pensait-elle ; comme s’ils ne pouvaient pas se conduire comme de vrais chrétiens.

On entendait le son de beaucoup de voix qui parlaient en même temps.

L’une d’elles, cependant, dominait les autres, c’était celle du charpentier Fédor Riézoun.

Il n’avait que deux fils et attaquait Doutlof avec acharnement.

Le vieux Doutlof se défendait, il s’était avancé et de sa voix chevrotante cherchait à prouver que ce n’était pas son tour.