Page:Tolstoï - Imitations.djvu/220

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la haute noblesse — je remarquai que peu à peu, lorsqu’ils se furent aperçus que j’étais pauvre, leur attitude avec moi devint de plus en plus dédaigneuse. C’est désolant, mais c’est la vérité pure. J’ai pris part à des engagements, je me suis battu, on m’a vu au feu… Quand donc verrai-je la fin de tout cela ? continua-t-il. Jamais, je crois. Cependant mes forces, mon énergie s’épuisent. Je m’étais imaginé la guerre, la vie des camps… mais pas en touloupe sale et en bottes de soldat… On vous envoie en sentinelle perdue, et toute la nuit vous restez couché dans un fossé avec quelque Antonov condamné à servir pour ivrognerie. S’attendre à chaque instant à être fusillé de derrière un buisson ! vous ou Antonov, n’importe. Ce n’est plus de la bravoure, ça ; c’est affreux.