déplacée, occupait seule son coin favori ; sur le bord d’une fenêtre, on apercevait une touffe de lilas qui se détachait sur le couchant lumineux, et la fraîcheur du soir pénétrait par les croisées ouvertes. Je m’accoudai sur le piano, je couvris mon visage de mes deux mains, et je me mis à rêver. Je restai longtemps ainsi, me rappelant avec douleur l’ancien temps, irréparablement enfui, et scrutant timidement le temps nouveau. Mais dorénavant il me semblait que rien n’était plus, que je ne désirais ni n’espérais plus rien. Est-il possible que j’aie survécu à tout cela ! pensai-je en soulevant ma tête avec horreur, et afin d’oublier et de ne plus penser, je me remis à jouer, et toujours le même andante. Mon Dieu ! disais-je, pardonne-moi si je suis coupable, ou rends-moi tout ce qui
Page:Tolstoï - Katia.djvu/256
Apparence