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Léon Tolstoi

par la tromperie (le faux miracle), forcer un homme à changer sa foi.

La foi, c’est sa vie, comment puis-je la lui ôter et lui en donner une autre ? C’est exactement comme si je lui prenais son cœur pour lui en donner un autre. Je ne puis faire cela que si sa foi et la mienne ne sont que des paroles et non l’essence même de notre vie, non le cœur. Cela on ne peut pas le faire. C’est pourquoi on ne peut tromper un homme ou le forcer de croire à ce qu’il ne croit pas. Et on ne le peut pas, parce que celui qui croit, — c’est-à-dire qui a établi son rapport envers Dieu, et sait que la foi est le rapport de l’homme envers Dieu, — ne peut pas désirer établir le rapport d’un autre homme envers Dieu, par la violence ou la tromperie. C’est impossible mais cela se fait partout et toujours ; c’est-à-dire cela ne peut pas se faire, parce que c’est impossible, mais il s’est fait et se fait quelque chose y ressemblant beaucoup. Il s’est fait et il se fait que des hommes imposent aux autres un semblant de foi, et les autres acceptent ce semblant de foi, — c’est-à-dire la tromperie religieuse.

La foi ne peut être imposée, de même qu’elle ne peut être acceptée ni par la violence, ni par la tromperie, ni par l’intérêt ; il ne s’agit donc pas de la foi,

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