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l’église et l’état

mais de la tromperie de la foi, et cette tromperie de la foi est l’ancienne condition de la vie de l’humanité.

En quoi donc consiste cette tromperie et sur quoi est-elle basée ? Par quoi est-elle excitée chez les trompeurs, par quoi se maintient-elle chez les trompés ? Je ne parlerai pas du brahmanisme, du bouddhisme, du confucianisme, du mahométisme, où se sont produits les mêmes phénomènes, non parce qu’il est impossible d’y trouver la même chose, — pour tous ceux qui ont étudié ces religions il est clair qu’il s’y est produit la même chose que dans le christianisme, — mais je parlerai exclusivement du christianisme, religion qui nous est connue, nécessaire et chère. Dans le christianisme toute la tromperie est basée sur la conception fantaisiste de l’Église, conception qui ne repose sur rien et qui frappe, au début de l’étude du christianisme, par son insanité inattendue et inutile.

Parmi toutes les conceptions et paroles athées, il n’y en a pas de pires que celles de l’Église. Il n’y a pas de conception qui ait engendré plus de mal, il n’y en a pas de plus contraire à la doctrine du Christ. En réalité, le mot Ecclesias signifie réunion et pas plus, et c’est ainsi qu’il est employé dans les

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