Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/274

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cette terrible année qu’il a passée avec son père, et le souvenir de toutes ses misères au moment même où ils purent arriver jusqu’à moi ; leur espoir détend ses nerfs affaiblis par la famine. Moi, cela m’ennuie, cela m’ennuie. Je ne pense qu’à m’échapper au plus vite.

Pour moi, c’est vieux ; pour lui, c’est terriblement nouveau.

Oui, cela nous ennuie ; mais eux, ils veulent toujours manger, ils veulent toujours vivre ; ils veulent toujours le bonheur, l’amour, comme je l’aperçus dans les beaux yeux que ce gamin fixait sur moi pleins de larmes. Oh ! combien ce désir est vivace chez ce pauvre malheureux enfant, flétri par la misère et plein de pitié naïve pour lui-même !

Fin

Tours. — Imp. Deslis Frères.