Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/45

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Pour un observateur superficiel, la situation de la majorité des familles est telle que la mauvaise récolte du blé est rachetée par une bonne récolte d’avoine, dont le prix est élevé, et une bonne récolte de pommes de terre. On vend de l’avoine, on achète du blé et on mange principalement des pommes de terre. Mais tout le monde n’a pas de l’avoine et des pommes de terre. Lorsque j’ai fait la liste de tout le village, j’ai vu que, sur cinquante-sept ménages, il y en avait vingt-neuf qui n’avaient plus du tout de blé, ou, au plus, quelques pouds, de 5 à 8 ; quant à l’avoine, ils en avaient si peu qu’en échangeant 2 quarts d’avoine contre un quart de blé, ils n’auraient pas eu assez de provisions pour vivre jusqu’à Noël. Telle est la position