Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/89

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dans une famille de paysans. L’état du loisir physique, état qui nous est propre, est un malheur pour le paysan. Si le paysan n’a pas de travail pour tous les membres de sa famille, et que, cependant, lui et les siens mangent, il considère cela comme un désastre, comparable à l’écoulement du vin d’un tonneau desséché ; il fait ordinairement tous ses efforts pour prévenir ce désastre et trouve toujours du travail. Dans une famille de paysans, tous les membres, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, travaillent et gagnent leur vie. Un garçon de douze ans travaille déjà comme pâtre, une petite fille file ou tricote des bas et des mitaines. Le vieux tresse des chaussures de tille : ce sont les revenus ordinaires. Mais il y a des familles exceptionnelles ! un