Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/175

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Je suis parfois entêté et j’avais déclaré sèchement que je ne ferais pas le premier pas. À peine ma belle-sœur partie, j’entre dans la chambre des enfants, je les vois complètement abattus… Ah ! je l’aurais fait ce premier pas ! mais j’étais lié par mes propres paroles. Je vais, je viens, je fume. Au déjeuner, je bois en quantité de l’eau-de-vie et du vin et j’arrive à l’état que je désirais inconsciemment : ne plus me rendre compte de la sottise et de l’ignominie de ma situation.

Vers trois heures elle rentre et passe devant moi sans me parler. Je la crois apaisée et je commence à lui dire que ses reproches excessifs m’avaient fait sortir de mes gonds. Elle me répond froidement, le visage sévère mais abattu, qu’elle ne vient pas pour entendre mes explications, mais pour prendre les enfants, que nous ne pouvons désormais vivre