Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/134

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saient voir les bras musculeux et brûlés par le soleil, coupait des oignons dans une écuelle. Une autre baba, au visage marqué de petite vérole, se tenait près du poêle. Les traits tirés de cette femme et l’ampleur de sa taille indiquaient un état de grossesse assez avancé. On sentait, dans la pièce, la bonne odeur du pain fraîchement cuit. Deux petites têtes blondes, celles d’un gamin et d’une fillette, venus là en attendant le dîner, émergeaient d’une couchette et regardaient curieusement le barine.

Nekhlioudov, bien que satisfait de constater cette aisance, se sentait gêné des regards de ces babas et de ces enfants. Il s’assit sur le banc en rougissant.

— Donne-moi un morceau de pain chaud ; je l’aime beaucoup, fit-il.

Et il rougit davantage.

La femme de Karp coupa un gros mor-