Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/195

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rendit impropre à tout travail. Dès son enfance, il avait pris l’habitude de chanter, et les étrangers lui avaient parfois donné de l’argent pour l’entendre. Il chanta désormais et fit de son art son unique profession. Il avait acheté une guitare et, depuis dix-huit ans, il voyageait en Suisse et en Italie, gagnant sa vie à chanter devant les hôtels. Tout son bagage consistait en une guitare et une bourse où il logeait pour le moment une trentaine de sous qu’il devrait donner le soir même pour son souper et son lit à l’auberge. Dix-huit fois de suite il avait passé par les meilleurs endroits, c’est-à-dire par les lieux les plus fréquentés de la Suisse : Zurich, Lucerne, Interlaken, Chamonix, etc. Il passait ensuite en Italie par le Saint-Bernard et revenait par le Saint-Gothard ou à travers la Savoie. En ce moment, il éprouvait de la difficulté à marcher, à cause d’un