Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

refroidissement qu’il avait pris ; il ressentait un malaise dans les jambes, un gliederzucht[1], disait-il qui chaque année augmentait ; chaque année aussi ses yeux et sa voix allaient s’affaiblissant. Malgré cela il allait, de ce pas, à Interlaken ; puis de là il se dirigerait vers Aix-les-Bains et, par le petit Saint-Bernard, il gagnerait l’Italie, qu’il affectionnait tout particulièrement. En somme, il semblait satisfait de son sort. Quand je lui demandai pourquoi il revenait dans son pays et s’il y avait encore des parents, une maison, un lopin de terre, la bouche se plissa dans une sorte de sourire et il me répondit :

— Oui, le sucre est bon ; il est doux pour les enfants.

Je n’avais pas compris. Les domestiques éclatèrent de rire.

  1. Sans doute : Gliederschmerz, douleur rhumatismale. — (N. du Trad.).