Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/370

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sistent dans la reconnaissance de telle ou telle vérité, ces causes l’homme peut en être maître.

De sorte que l’homme, qui n’est pas libre de ne pas accomplir certains actes, est libre de travailler à en supprimer les causes. C’est ainsi qu’un mécanicien, qui n’est pas libre de modifier le mouvement de sa locomotive, déjà accompli ou qui s’accomplit, est libre de régler d’avance ce mouvement pour l’avenir.

Quoi que fasse l’homme conscient, il agit ainsi et non autrement parce que : ou il reconnaît qu’il est dans la vérité, ou il l’a déjà reconnu autrefois et agit maintenant par habitude.

Que l’homme mange ou ne mange pas, qu’il travaille ou se repose, fuie le danger ou le recherche, s’il est conscient, il agit ainsi parce qu’il considère raisonnable d’agir ainsi, parce qu’il reconnaît que la vérité lui indique d’agir ainsi et non autrement, ou parce qu’il l’a déjà reconnu autrefois.

La reconnaissance ou la non-reconnaissance d’une certaine vérité dépend non de causes extérieures, mais de la conscience même de l’homme. De sorte que, parfois, dans les conditions extérieures les plus favorables à la reconnaissance de la vérité, il y a des hommes qui ne la reconnaissent pas, et d’autres, au contraire, qui, dans les conditions les plus défavorables, la reconnaissent sans motifs apparents, comme cela a été dit dans l’Évangile : « Et personne ne viendra à moi, s’il ne va vers mon Père. » C’est-à-dire que la reconnaissance de la vérité, qui est la cause de toutes les manifestations de la vie humaine, ne dépend pas des phénomènes extérieurs, mais de quelques facultés intérieures de l’homme qui échappent à l’observation.

C’est pourquoi l’homme qui n’est pas libre dans ses actes se sent toujours libre dans ce qui est la cause de