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Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/380

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ce qu’il y avait en elles de mensonger ; ce qu’elles contenaient de vrai ne fera que resplendir davantage.

Revenez à vous, hommes, et croyez à l’Évangile, à la doctrine du bonheur. Si vous ne revenez pas à vous, vous périrez tous comme ont péri les hommes tués par Pilate, comme ont péri ceux qu’a écrasés la déesse Siloam, comme ont péri des millions et des millions d’hommes tués et qui ont tué, exécutés et qui ont exécuté, martyrisés et qui ont martyrisé, et comme… a sottement péri l’homme qui a muré les granges et qui comptait y vivre longtemps, et qui y est mort la nuit même à partir de laquelle il a voulu commencer cette vie.

Revenez à vous, hommes, et croyez à l’Évangile, a dit le Christ il y a dix-huit siècles, et il le dit avec plus de force aujourd’hui que le malheur prédit par lui est arrivé et que notre vie a atteint le dernier degré de folie et de souffrance.

Après tant de siècles de vaines tentatives pour assurer notre vie à l’aide de l’organisation païenne de la violence, il semblerait évident que tous les efforts dirigés vers ce but ne font qu’apporter de nouveaux dangers dans la vie personnelle et sociale, au lieu de la rendre plus sûre.

Quel que soit le nom que nous nous donnions, quels que soient les habits que nous revêtions, quel que soit le prêtre devant lequel nous nous oignons, quel que soit le nombre de nos millions, quel que soit le nombre de gardes placés sur notre chemin, quel que soit le nombre de policiers chargés de protéger notre richesse, quel que soit le nombre de prétendus malfaiteurs, révolutionnaires ou anarchistes, que nous exécutions, quels que soient nos exploits, quels que soient l’état que nous fondions, les forteresses et les tours que nous élevions, depuis la tour de Babel jusqu’à la tour Eiffel, — deux