Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/38

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vivez d’après la loi de l’amour du prochain, d’après la loi de la miséricorde (que Jacques appelle « royale » pour la distinguer de toute autre), c’est bien. Mais si vous faites acception de personnes, vous transgressez la loi de la miséricorde.

Et sans doute, visant l’exemple de la femme adultère qu’on avait amenée à Jésus, pour la lapider selon la loi, ou bien en général le crime d’adultère, Jacques dit que celui qui punit de mort la femme adultère sera coupable de meurtre et transgressera la loi éternelle. Car la même loi éternelle proscrit et l’adultère et le meurtre.

Il dit : « Réglez donc vos paroles et vos actions comme devant être jugées par la loi de la liberté. Car celui qui n’aura point fait miséricorde sera jugé sans miséricorde. Mais la miséricorde s’élèvera au-dessus de la rigueur du jugement. » (Jacques, ii, 12 et 13.)

Comment dire cela en termes plus clairs et plus précis ? Toute acceptation de personnes est interdite ainsi que tout jugement déclarant que l’un est bon, l’autre mauvais ; le jugement humain est mis à l’index comme indubitablement défectueux, et ce jugement est déclaré criminel quand il condamne pour crime ; ainsi le jugement est supprimé par la loi de Dieu ― la miséricorde.

J’ouvre les épîtres de Paul, qui avait été victime des tribunaux et dès le premier chapitre aux Romains, je lis l’admonition qu’adresse l’apôtre aux Romains pour tous leurs vices et toutes leurs erreurs, entre autres pour leurs tribunaux. « Et après avoir connu la justice de Dieu, ils n’ont pas compris que ceux qui font ces choses sont dignes de mort, et seulement ceux qui