Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/39

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les font, mais aussi ceux qui approuvent ceux qui les font. » (Rom., i, 32.)

C’est pourquoi vous, ô hommes, qui que vous soyez, qui condamnez les autres, vous êtes inexcusables ; parce qu’en les condamnant vous vous condamnez vous-mêmes, puisque vous faites les mêmes choses que vous condamnez. (Rom., ii, 1.)

Est-ce que vous méprisez les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longue tolérance ? Ignorez-vous que la bonté de Dieu vous invite à la pénitence ? (Rom., ii, 4.)

L’apôtre Paul dit : « Connaissant le juste jugement de Dieu, ils agissent eux-mêmes injustement et enseignent à faire de même aux autres ; ainsi on ne peut justifier un homme qui juge. »

Tel est le point de vue des apôtres dans leurs épîtres par rapport aux tribunaux, et nous savons tous que dans leur existence la justice humaine était au nombre de ces épreuves et de ces maux qu’ils devaient supporter avec fermeté et résignation à la volonté de Dieu.

En rétablissant dans son imagination la situation des premiers chrétiens parmi les païens, chacun comprendra aussitôt que défendre de juger aux chrétiens persécutés par les tribunaux ne pouvait entrer dans la tête de personne. Les apôtres ont pu en parler incidemment comme d’un mal en niant la base même de cette institution comme ils le font en effet à chaque occasion.

J’interroge les Pères de l’Église des premiers siècles, et je vois que le trait distinctif de l’enseignement des Pères des premiers siècles est toujours et partout : qu’ils n’obligent personne à rien, ne jugent ni ne condamnent personne (Athenagore, Origène), mais au contraire supportent les supplices auxquels les con-