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IV


Dans le temps jadis, avant l’apparition du christianisme, tous les grands philosophes, en commençant par Socrate, furent d’avis que la première des vertus à acquérir était l’abstinence : ἐνγκρατείς ou σωφροσύνη, et que vouloir en acquérir d’autres, sans posséder celle-là, était impossible.

Il est évident, en effet, que l’homme qui ne sait pas se maîtriser devient la proie facile de tous les vices et se trouve dans l’impossibilité de mener une vie morale. Avant de penser à la générosité, à l’amour, au désintéressement, à la justice, il faut que l’homme apprenne à se bien posséder et qu’il soit assez fort, le cas échéant, pour refréner ses appétits.