Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chez le riche paysan, racheta le champ de seigle et donna aussi de l’argent pour la fauchée. En outre, il acheta une faux, celle-ci, aussi, qui avait été vendue dans la détresse, et il la rapporta à la maison. Il envoya le paysan faucher lui-même, courut à l’aventure parmi les gens du village : il trouva chez le cabaretier un petit cheval vigoureux et une voiture à bon marché, puis il chercha à se procurer une vache. Comme il allait sur la route, il rejoignit deux jeunes filles de l’endroit ; elles marchaient lentement et causaient gaiement. Élisée entendit qu’il faisait le sujet de leur habillage ; l’une des femmes racontait à l’autre : « Au commencement ils ne savaient pas quelle espèce d’homme ce pouvait être ; et ils pensaient que ce n’était qu’un pèlerin ordinaire. Il les a rachetés de tout, et aujourd’hui je l’ai vu moi-même comme il faisait marché avec le cabaretier pour un cheval et une voiture. Il y a donc de pareils hommes dans ce monde ? Allons donc, nous pourrons le voir… »

Élisée entendit cela, comprit que l’on faisait sa louange ; il n’alla pas plus loin pour acheter la vache. Il retourna promptement chez le caba-