Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/27

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hôtes en posant les couteaux et les cuillers devant eux :

— Eh bien ! donc, mangez, voilà tout ce que je puis vous offrir.

— Allons, mon jeune ami, régale-toi, dit à son tour Sema, après avoir coupé une tranche de pain et trempé la soupe.

Et les cuillers d’aller et venir à la gamelle commune. Matréma, accoudée à l’un des angles de la table, ne détachait pas ses yeux de l’étranger, et son cœur s’émut. Alors les traits de l’inconnu s’illuminèrent d’un rayon de joie, la sérénité revint sur son front ; et levant les yeux sur Matréma, il eut un sourire plein de douceur.

Le repas fini et la table desservie, Matréma questionna l’étranger.

— Qui es-tu ? commença-t-elle.

— On ne me connaît pas ici.

— Mais comment t’es-tu trouvé sur le chemin de notre village ?

— Je ne dois rien dire.

— Qui donc t’a dépouillé ainsi ?

— Dieu me punit.