Page:Tolstoï Les Cosaques.djvu/149

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Il entendit remuer et craquer des graines derrière le poêle.

« Mais il faudrait que ce fût la semaine prochaine. Nous sommes prêts, dit la vieille avec calme et simplicité, comme si Olénine n’existait pas pour elle. J’ai tout préparé pour Marianouchka ; nous la dotons bien. Le mal est que notre Loukachka se dérange ; il boit et fait des sottises. Un Cosaque de sa sotnia est venu nous dire, l’autre jour, qu’il était allé chez les Nogaïs.

— Il s’aventure beaucoup, dit Olénine.

— C’est ce que je dis. « Prends garde, Loukachka », lui ai-je dit. Il est jeune et fait le fanfaron, mais il y a mesure à tout. Il a volé des chevaux, tué un Abrek ; eh bien ! cela suffit, il devrait se tenir tranquille maintenant, mais non, il pousse les choses trop loin.

— Je l’ai vu une couple de fois pendant l’expédition ; il a encore vendu un cheval », dit Olénine en jetant un regard vers le poêle.

De grands yeux noirs étincelants le regardaient avec une sévère inimitié.

« Eh bien ! dit subitement Marianna, c’est son propre argent qu’il dépense, il ne fait de mal à personne. »

Elle sauta à terre et quitta la chambre en frappant la porte avec violence.

Olénine la suivait des yeux. Quand elle eut disparu, il continua à regarder la porte sans plus écouter la vieille Oulita.

Quelques moments après vinrent des visites : un vieux frère d’Oulita et diadia Jérochka ; ils étaient suivis de Marianna et d’Oustinka.

« Bonjour, dit Oustinka de sa voix flûtée s’adressant à Olénine ; que fais-tu dehors ?

— Je m’amuse », répondit-il.

Il était confus et mal à l’aise. Il aurait voulu s’en aller et n’en avait pas le courage ; il lui était aussi impossible de se taire. Le vieux Cosaque le tira d’embarras ; il lui demanda du vin, et ils en burent chacun un verre ; puis