Page:Tolstoï Les Cosaques.djvu/168

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en arrière et à tout voir. Il admirait les Cosaques, qui prêtaient l’oreille au moindre bruit et ne laissaient pas échapper le moindre détail. Olénine avait pris des armes ; mais, voyant que les Cosaques l’évitaient, il se décida à rester témoin neutre de l’engagement, — et puis il était si heureux !

Une détonation éclata subitement.

Le khorounji s’agita, donna des ordres, mais personne ne l’écoutait : on ne regardait que Lucas, on n’obéissait qu’à lui. Lucas était calme et solennel. Il avançait au grand pas de son cheval, que les autres ne pouvaient suivre de la même allure, et regardait au loin en clignant des yeux.

« Voilà quelqu’un à cheval ! » dit-il, serrant la bride en s’alignant.

Olénine ne voyait personne encore ; les Cosaques avaient avisé deux cavaliers et se dirigeaient vers eux.

« Sont-ce les Abreks ? » demanda Olénine.

On ne daigna même pas répondre à cette absurde question. Les Abreks n’étaient pas si bêtes de passer le fleuve avec leurs chevaux.

« Il paraît que c’est Radkia qui nous fait signe, dit Lucas, en montrant les cavaliers qu’on distinguait déjà clairement ; il vient à nous. »

Au bout de quelques instants on pouvait s’assurer que les cavaliers étaient réellement les Cosaques de la patrouille. L’ouriadnik s’approcha de Lucas.


XLI


« Sont-ils loin ? » demanda Lucas.

Une courte détonation retentit à trente pas. L’ouriadnik sourit.

« C’est notre Gorka qui tire sur eux », dit-il avec un signe de tête de côté.