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Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/153

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vous de ce texte ? Eh bien, posez-le là, et attendez un instant. Je veux… attendez. — Et il entra dans un cabinet qui ouvrait dans la bibliothèque. Je frémis ; car ce cabinet, ordinairement fermé, communiquait à ma chambre par un escalier intérieur.




Je restais seul avec elle. J’étais l’unique témoin qu’elle eût durant ces instants : cela me parut une inestimable faveur, comme si j’eusse été associé à son secret ; et dans ses traits, son attitude, ses moindres gestes, je croyais lire des choses semblables à celles qui venaient de se passer en moi. Moments de mystère ! moments d’un calme délicieux, où mon cœur retrouvait dans la réalité quelques-unes des impressions de mon songe !

C’était la première fois que, la voyant de près, je pouvais me repaître du charme que je trouvais en elle. Que ne puis-je la répandre dans ces lignes, et la peindre comme elle m’apparaissait ! Et encore semblait-il que la bibliothèque de mon oncle Tom lui fût comme un cadre merveilleux qui rehaussait son éclatante beauté. Sur les rayons poudreux, ces livres vénérables représentant la suite des âges, ce parfum de vétusté, ce silence de l’étude, et au milieu cette jeune plante toute de fraîcheur et de vie,… ce sont choses qui ne se peuvent enclore dans des mots.

Cependant, debout depuis longtemps, elle alla s’asseoir près de la fenêtre, sur le fauteuil de mon oncle, et, appuyant sa joue sur sa jolie main, elle se mit à regarder le ciel, pensive et mélancolique ; un sourire, léger comme le souffle, parcourut ses lèvres. Puis ses regards, se portèrent négligemment sur le gros in-folio