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que mon oncle venait de quitter ; peu à peu ils s’y fixèrent, et un intérêt croissant se peignit sur son modeste visage que colorait une vive rougeur. « Je l’ai ! » cria en cet instant mon oncle Tom. Alors elle se leva sans pourtant ôter ses yeux de dessus l’in-folio, jusqu’à ce que mon oncle fût rentré dans la bibliothèque.

— Le voilà, et non sans peine ! Je vous le donne, pour l’amour de l’hébreu. Je garde l’autre, plus précieux pour moi qui tiens au texte ; le maroquin de celui-ci siéra mieux à vos jolis doigts. Tenez, et souvenez-vous du docteur Tom.

— Vous êtes trop obligeant, monsieur. J’accepte votre joli livre, et ne vous oublierai point, quand même je n’espérerais pas de revenir vous voir.

— Et quand j’y serai, lui dit mon oncle en souriant, crainte des neveux. À propos, j’oublie que j’ai le mien… Adieu… au revoir.

Et il l’accompagna. Déjà l’in-folio qui avait attiré ses regards était en ma possession ; mais je tremblais que mon oncle ne me donnât pas le temps de m’évader. Heureusement il avait laissé la porte du cabinet ouverte. Je m’y élançai. En un clin d’œil mon livre est en sûreté, le mannequin sous le lit, et moi dessus, attendant mon bon oncle Tom, qui entre.




— Oh ! oh ! levé ! dit-il, et réveillé à quelle heure ?

— À dix heures sonnantes, mon oncle.

Ici, une satisfaction complète se peignit sur le visage de mon oncle Tom. Il était content de me voir rétabli, plus content encore de l’honneur qui en résultait pour la science. Alors, prenant un ton solennel : — À pré-