Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/166

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En cet instant un cavalier longeait la haie. À la vue du vieil homme, il modéra son allure : — Vous avez bien de la peine ? dit-il. Le vieillard, s’arrêtant, fit signe que la peine ne lui manquait pas ; puis bientôt, reprenant sa bêche : — Il faut, dit-il, prendre patience pour gagner le ciel !

Souvenirs lointains, mais puissants, et dont chacun recèle un germe bien divers. Lequel veut éclore ? …




La nuit, au bout de ce court crépuscule, est-elle éternelle ? Qu’alors je choque le verre avec vous, convives réjouis ; qu’avec vous je fête la vie, je nargue la camarde !… Qu’alors je place tout en viager, et sur ma tête : honneur, vertu, humanité, richesse : car mon dieu, c’est moi ; mon éternité, c’est un jour ; ma part de félicité, tout ce que je pourrai prendre sur la part des autres, tout ce que je pourrai tirer de voluptés de mon corps, donner de jouissances à ma chair ! Honnête si je suis fort, riche, bien pourvu par le sort ; mais honnête encore si, faible, je ruse ; si, pauvre, je dérobe ; si, déshérité, je tue dans les ténèbres pour avoir ma part à l’héritage ; car ma nuit s’approche, et autant qu’eux j’avais droit à jouir !


Et, quand la camarde à l’œil cave…


Gai couplet, que je te trouve triste ! Tu me sembles comme ce sol fleuri qui ne recouvre qu’ossements vermoulus !




Mais si la nuit s’ouvre au bout de ce court crépuscule ? si elle n’est qu’un voile épais qui cache des cieux resplendissants et infinis ? …