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L’EXODE

tion de sa beauté voluptueuse. Et, certains soirs, assis à côté d’elle, tout enveloppé de son parfum, il se fût senti incapable de résistance, prêt à toutes les folies de l’amour, pour peu qu’elle eût daigné l’asservir. Elle était de ces femmes qui trament les volontés dans le sillage de leurs jupes, et qui se plaisent à nous humilier devant l’éternel instinct…

— Et la guerre ? dit Axel, pour changer de conversation. Est-ce vrai que les nouvelles sont plus mauvaises ?

— Moins bonnes… Cela commence à se gâter. Les journaux prétendent le contraire, mais j’en doute.

— On dit que Liège est au pouvoir des Allemands ?

— Oui, mais les forts tiennent toujours. En tout cas, la situation n’est pas rassurante, puisque le gouvernement se prépare à partir pour Anvers.

— Alors, Bruxelles n’est pas en sûreté ?

— Il faut le croire.

Axel un moment réfléchit, en passant ses doigts maigres sur son front moite ; puis il se laissa retomber sur l’oreiller.

— Oh ! soupira le malade, qu’ils viennent et qu’ils m’achèvent d’un coup de baïonnette !

Philippe le gronda :

— Voyons ! ce n’est pas le moment de se décourager… Veux-tu venir chez moi ?

— Non, je vais retourner chez mes parents.

— Mais, d’ici là ? Tu n’as personne pour te soigner.

— Si, la petite bonne, puis la femme du concierge.